jeudi 10 novembre 2011

Les taupiers

Les taupiers
La fonction de taupier est fort ancienne et les candidats se présentent très nombreux à chaque mise au concours du poste.

Prenons les comptes de 1738.
On y apprend que Jean Michel Gauthey reçoit neuf batz pour acheter ¼ de livre de fil de laiton afin de confectionner des lacets pour attraper les taupes.
Mais, comme il décède en fonction le 28 août, après avoir attrapé 142 taupes, sa veuve reçoit un batz par bête pour la moitié, et un sol la pièce pour le reste.
Cela ne suffit pas pour payer le cercueil, car quelques lignes plus loin, il est noté que Maître François Barrillier reçoit 5 florins pour la bière à Jean Michel Gauthey par ordre du Conseil.

Certains taupiers forts habiles en attraperont près de 1500 par an.
Mais en 1777, dans son commentaire sur les comptes d’Arnex, Monsieur le Bailli Samuel Jenner note.
« Nous avons observé à la page 7 des livrances un article de 366 florins, 7 batz et 6 sols payé par la commune pour la prise des taupes sur le fond des particuliers, ce qui est abus intolérable, en sorte que nous défendons à la dite commune de supporter cette dépense à l’avenir, mais de retirer des propriétaires pour répartition à proportion des fonds qu’ils possèdent le montant de la prise des taupes dans son territoire, comme il faudra le faire voir dans les reçus des comptes prochains, sans faute. »

En 1816, c’est le Juge de paix qui intervient lors de l’examen des comptes pour demander de ne plus payer un taupier à 120 fr. par an pour ne rien faire, mais à tant par bête ; et si la commune ne peut pas payer, il faut faire une répartition à tant par pose.
Ce qui fut fait plus tard, car il dans les archives est conservé le résumé cadastral établi pour servir de base aux contributions communales de taupage et messeillerie de 1881 à 1960.
En 1875, le Conseil demande une révision de la taxe cadastrale servant à répartir de manière plus équitable les frais de taupage et messeillerie
Certaines années, les comptes notent quelques achats d’arsenic pour empoisonner taupes et souris !


Différents taupiers de la commune : 

1716
Ax 6 21
Paie du taupier Sébastian Devenoge pour 254 taupes à un sol par bête

1738
Ax 7 013
achat d'un 1/4 de livre de laiton pour faire des lacets pour attraper les taupes

1738
Ax 7 21-22
Salaire de Gauthey et facture de sa bière

1740
Ax 7 27
Fil de laiton pour prendre les taupes

1772
Ax 9 09
Salaire du taupier Gilliard : 222 fl pour une moitié à 1/2 batz et une moitié à 1 sol

1774
Ax 9 43
Salaire du taupier Bally David de Boussens pour 1419 taupes

1777
Ax 9 48
Le bailli dit que ce n'est pas à la commune de payer le taupier

1816
Ax 12 11
Le juge de paix ne veut plus de taupier à fr 120,- par an pour ne rien faire, mais à tant par bête

1819
Ax 12 26
achat d'arsenic donc les taupiers ne font rien dit le Juge de Paix

1824
 Muni 158
Mieville
Contrat du taupier

1839
Ax 15 24-25
Pierre Gillard engagé comme taupier avec conditions et salaire
du 1.1 1839 au 31 .12 1841
1853
Muni 3 13
François de Louis Bovet Mauvais taupier renvoyé

1854
Muni 3 21
11 candidats pour le poste
Goy Abram de Vaulion pour fr 300.-
1864
Muni 3 129
Contrat avec Pierre Gillard et emploi d'arsenic
300.- par an
1866
Ax 18 21
salaire taupier Pierrre Gillard fr 305.-

1870
Ax 19 05
Ferdinand Baudat Taupier

1872
Muni 3 178
Contrat du Taupier avec Alexandre Hautier de Juriens

1873
Muni 3 184
Contrat taupier avec Reguin et Malherbe

1875

Nouveau règlement

1878
Ax 20 89-90
Plainte contre les taupiers et taxation des dommages
Muni 3 256
1878
Muni 3 258
En décembre on remet au concours la place de taupier
Jean Ramel pour fr 360.-
1881
Muni 3 258
Contrat avec Crausaz Jules pour fr 306.-

1882
Muni 3 286
Auberson Taupier pour fr. 370.-

1885
Muni 3 325
Auberson continue pour fr 360.-

1886
Muni 3 336
Contrat avec Jaton Jean Victor d'Orbe pour fr 410.-

1888
Muni 3 359
Auguste Agassis pour fr 410.-

1889
Muni 3 368
Contrat pour 400fr avec MM. Malherbe Louis et François

1891
Muni 3 410
Contrat pour  fr 400.- avec Dupuis Jules feu Jean Pierre doit signer son carnet

1893
Muni 3 421
Amende de fr 6.- à toute personne qui dérange les trappes du taupier

1893
Muni 3 430
Les frais de taupage passent de 2c à 1 ct l'are

1894
Muni 3 435
Thibaud Henri La Praz pour 450.- par an

1894
Muni 3 463
Cahier des charges de Thibaud

1896
Muni 4 35
Contrat avec Ecuyer d'Envy rompu en juillet suite aux plaintes de nbr propriétaires
Remplacé par Thibaud de la Praz
1897
Muni 4 41
Cahier des charges de Thibaud Henri

1898
Muni 4 72
Cahier des charges de Thibaud Henri de La Praz pour 480.-

1918
Muni 6 216
Contrat avec Moret Eugène taupier Eclépens

1946
Muni 13 02
Robert Desponds pour 50 ct la bête



Jaquier dès 1946 en tous cas, confirmé en 1947 Muni 13 118

1949
Muni 14 09
Alexis Jaquier de Chavornay pour fr 0.50 la bête noire ou grise
et encore en 1950








La fonction de taupier
Dès 1700, le salaire des taupiers figure  dans les dépenses des comptes communaux,.

Certains d’entre eux habitent le village, mais un grand nombre viennent d’ailleurs : Chavornay, Envy, La Praz, Orbe, Vaulion.
Un poste souvent fort recherché, ainsi pour 1854 onze candidats font des offres.
Au cours des ans, le mode de rémunération varie, certains sont  payés à la pièce, d’autres par un forfait annuel.
Vers 1880 le salaire annuel est de 380.- à fr. 400.-.
En 1946, Robert Desponds touche 50 ct par bête, (tout comme le soussigné dix ans plus tard)

Mais ne donnant pas toujours satisfaction, le taupier communal pouvait être démis de sa fonction comme le stipule le point 3 du contrat de 1878 ci-dessous

 Contrat du taupier Jean Ramel en 1878

Qui doit payer le taupier ?
Les taupiers ont toujours été engagés par la commune, mais en 1777 déjà, le bailli de Romainmôtier chargé de la révision des comptes signale que ce n’est pas à la commune d’assumer ces charges, le Juge de paix fait la même observation en 1816.
Finalement en 1881 ces frais seront répartis entre les divers propriétaires en fonction de la surface cultivée.

Les moyens de lutte.
Avant les trappes classiques d’aujourd’hui …

 

Trappe à taupes

… mais les comptes signalentaussi l’achat de fil de laiton pour confectionner de petits lacets placés dans les trous et même de l’arsenic si nécessaire …
Ce qui put poser problème.
On dit même qu’en 1868, Héli Freymond de Corrençon réussit à empoisonner sa femme avec de l’arsenic acheté au taupier  du coin !
Devenant ainsi le dernier condamné à mort du canton !

Et pour terminer, voici une prise exotique un peu bizarre...


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