samedi 28 février 2015

Le château de Montagny-sur-Yverdon

Le château de Montagny-le Corbe  (Montagny-sur-Yverdon)


Encore un château vaudois victime des guerres de Bourgogne de l’automne 1475.
Mais actuellement, victime surtout du manque d’entretien !

Alors découvrons ce que dit Victor-Henri Bourgois (1868-1936) du château de Montagny-sur-Yverdon dans son guide « Au pied du Jura »  paru vers 1906.
Le château de Montagny est un des plus anciens de notre contrée, et son origine, avec celle des châteaux de Grandson et de Belmont (sur Yverdon), pourrait remonter au onzième siècle, époque où, après les terribles invasions des Hongrois et des Sarrasins au dixième siècle, on chercha à se défendre contre de nouveaux dangers.
Montagny le Corbe fut le siège d’une puissante seigneurie. Les premiers seigneurs connus de cette terre furent les sires de Montfaucon, et Amédée II (de Montfaucon) paraît avoir été le premier de sa maison qui eût possédé des droits sur Montagny dès la seconde moitié du douzième siècle.
Le château, à en juger par ce qu’il en reste, devait être considérable, et les murs de 1 m, 75 d’épaisseur que l’on voit encore attestent sa solidité et sa puissance. Il s’élevait sur une colline abrupte, dominant le cours de la Brinaz et de laquelle on embrasse la vue sur tout le pays environnant, depuis Yvonand, Yverdon, Giez, le Jura jusque du côté d’Orny, La Sarraz, Vallorbe, etc. C’était une position remarquable et admirablement choisie.
Aujourd’hui, hélas ! ce qu’il en reste est peu de chose, et pourtant, si l’on veut, c’est beaucoup ; aussi, lorsqu’on parcourt cette colline maintenant toute boisée et si pittoresque, avec la vue sur le lac bleu et au milieu de ces ruines sur lesquelles joue le soleil au travers des arbres, un sentiment indéfinissable s’empare peu à peu de vous et, dans la triste réalité du présent, vient vous parler du passé.
En 1450, Louis de Châlon Orange, le même qui fit d’importantes restaurations aux châteaux de Grandson et d’Orbe, dépensa 10,000 francs de notre monnaie pour réparer le castel.
Qu’il devait être beau et fier sur sa colline escarpée ! Mais, vingt-cinq ans plus tard, il tombait au pouvoir des Suisses et partagea le triste sort des autres donjons en l’année 1475. Il fut incendié et démoli. Depuis lors, il n’a pas été rebâti. Une preuve de sa solidité est la haute tour qui s’élève encore aujourd’hui à près de 20 à 22 m. de hauteur à l’extrémité nord de la colline, dominant la route, et qui, depuis plus de 400 ans, reste là, triste, mais superbe ruine éventrée, semblant devoir s’écrouler à chaque instant, et pourtant toujours debout, toujours fière, témoin opiniâtre d’une puissance déchue.
Croquis de Ric Berger tiré du « Nord vaudois »

En arrivant aujourd’hui au sommet de la colline, où s’élèvent de grands bâtiments pour une exploitation agricole, on peut trouver, cachés dans les buissons à droite, près de l’entrée Est du parc, les restes d’un mur et d’une tour ronde ou semi-circulaire. Cependant la faible épaisseur de ces vestiges empêche absolument de les rattacher à la construction primitive du château, dont les murs et tours visibles encore en plusieurs endroits mesurent 1 m. 75 à 1 m, 80 d’épaisseur. Ces restes font-ils partie de la restauration de 1450, par Louis de Châlon Orange ?  Nous ne saurions l’affirmer….
Un peu plus loin, au nord, on voit un gros tertre maintenant tout boisé, qui représente sans doute une des tours du château. Le pan de mur (peut-être un contrefort), qui se détache en retour d’équerre au sud, mesure environ 1 m. 80 d’épaisseur. Une seconde tour ronde et très grosse, qui passe pour avoir été le donjon, se trouvait à l’ouest du tertre dont nous venons de parler. On voit encore, caché dans le fouillis de verdure, un grand cercle de maçonnerie qui aurait été le mur de la tour.
A quelques mètres au nord du donjon, on trouve des restes importants d’une troisième tour et de murs avec un retour d’équerre.
En suivant la crête de la colline jusqu’à son extrémité nord, on arrive à la haute tour dont nous avons parlé, plus haut, le morceau le plus important des ruines du château de Montagny, Cette tour s’élève encore, ainsi que nous l’avons dit, à 20-22 mètres de hauteur et est visible de loin, du côté du lac et d’Yverdon, depuis Giez, etc.


Ancienne carte postale de 1905 montrant la tour encore bien dégagée au-dessus des vignes

On est frappé tout de suite par sa forme curieuse. Elle n’est ni ronde, ni carrée, mais compte cinq angles tout en étant plus large de l’ouest à l’est que du nord au sud. Les murs ici aussi mesurent 1 m, 75 à 1 m, 80 d’épaisseur ; on distingue facilement plusieurs retraits de la maçonnerie correspondant aux planchers des étages. Du côté sud, un reste de corridor aboutit à l’intérieur de la tour et en aura certainement été la voie d’accès…...
Cet ensemble forme une ruine superbe et d’un grand pittoresque. Malheureusement la maçonnerie se désagrège peu à peu et, lambeau par lambeau, comme avec un regret infini, la pauvre tour lâche une à une les pierres qui la composaient. Si l’on ne prend pas certaines mesures d’entretien, du reste fort simples et pas très coûteuses, la belle ruine, la fière tour de l’antique château de Montagny, après avoir bravé les hommes et les intempéries pendant près de sept à huit siècles, dont quatre encore après sa destruction, s‘en ira, morceau après morceau, jusqu’au jour où une chute de pierres plus importante en occasionnera  l’effondrement définitif et total !


Etat des restes du château en 2015


Déjà, au début du 20ème siècle, Bourgois avait raison de s’interroger sur l’état de conservation de cette antique bâtisse.
Car depuis, au cours des ans, de nombreuses pierres du haut sont tombées et la forêt a pris possession de l’endroit occupé par l’ancien château.

Au pied sud de la tour, les pâturages ont remplacé les vignes. Vignes bien notées sur la carte Siegfried de 1890.


Carte Siegfried de 1890


En arrivant, l’ancienne tour n’est pas très facile à distinguer, à cause de la végétation



Parmi les arbres et sous le lierre, les restes de la tour en février 2015

Ces dernières années, le lierre avait envahi tout l’édifice, fort heureusement, il a été en partie coupé à la base il y a quelques années et a séché.


Depuis que le lierre a été coupé, les pierres de la base sont mieux visibles




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