lundi 13 février 2012

L'ancienne forge de Charles Monnier


L’ancienne forge de Charles Monnier au bas du village


Ancienne forge de Charles Monnier au bas du village

Pour présenter cette ancienne forge, donnons la parole à Glady Monnier son petit-fils.

Ce n'est pas évident, pour moi, de refaire l'histoire de la forge à mon grand-père: Charles François Monnier fils de Charles François Monnier.
Quand je suis né, le 21.11.1935, mon grand-père avait 61 ans (né le 22.09.1874, décédé, le 02.01.1960).
En plus, mon inconscience juvénile est la source d'un désintéressement des activités de mon grand-père.
J'habitais au-dessus du village et lui au bas du village.
Le 11.08.1895 mon grand-père a obtenu un certificat de l'Armée suisse portant le titre de Maréchal militaire, il en était fier.
Selon un acte de vente notarié du 13.07.1908, mon grand-père a acheté de son père, le bâtiment de la forge et logement de 39 centiares ainsi que ses dépendances pour la somme de 1'000.-Fr.
 L’inventaire de la forge, selon l'acte de vente comprend: un vieil étau, une vieille enclume, un soufflet usagé, huit marteaux et étampes, et dix paires de pinces et tenailles.
Le tout pour une valeur de 75..- Fr, à déduire du prix de vente pour fixer le droit de mutation.
Il a travaillé dans sa forge tant que sa santé le permettait. Il souffrait de rhumatisme, d'arthrose et d'une opération à l'hôpital d'Orbe, pendant que sa fille, Sœur Nelly Monnier était Directrice de l'hôpital, d'une hernie dans le bas ventre mal supportée.   
Le 07.10.1961, un acte notarié de cession en lieu de partage entre les 5 sœurs et mon père prouve que mon père est devenu propriétaire de la forge.
Sans preuve, mon père a vendu la forge à Jean-Paul Egger (dit Pan-Pol)  en fin d'année1962- début d'année 1963 pour la somme de 4’000.- Fr.


Charles Monnier en 1948

Mes souvenirs de la Forge

Un local de 5m sur 5m, le sol rien de trop plat n'était que de la terre battue, le plafond fait de poutres et de planches toute noires. A droite en entrant, un établi fait d'une large planche de sapin épaisse de 4 à 5cm, occupait le mur côté route. Sur cet établi, boulonnée une perceuse à manivelle avec son volant horizontal en partie supérieur et face à la fenêtre un étau à queue. Depuis l'entrée, devant moi, se présentaient la presse à matricer, avec ses deux bras de commande supportant deux grosses boules de métal puis, plus loin, dans l'angle, sud-ouest du local, une dalle en pierre où était encastré le creuset du feu de forge. Dans l'autre angle, face au feu de forge, était pendu au plafond le volumineux et vieux soufflet craquelé et vétuste.
Pour suppléer au soufflet en 1908 déjà, mon grand-père avait acheté un ventilateur dont le moteur électrique fut le premier moteur à courant triphasé, installé au village. Sur la surface restante on pouvait voir l'enclume sur un tronc de bois, elle pesait 153 kg, une cintreuse, la meule en grès à manivelle et le tas (grosse masse métallique comportant des trous de différentes formes).

Je me rappelle d'avoir vu, mon grand-père, ferrer des chevaux, cercler des roues de char, façonner des ferrements pour le charron Henri Bovet, ressuer  des outils (pioches, burins haches, barres à mine), fabriquer son propre outillage.

Il ne connaissait pas le soudage électrique et oxy-acétylénique. Les soudures des cercles de char ou des taillants de hache étaient de la soudure au feu de forge.
Ça faisait des belles étincelles entre le marteau et l'enclume.

Encore une petite histoire à propos de l'enfance de mon père et la forge: Mon grand-père, maréchal militaire de l'armée suisse, fut mobilisé pour la préparation à la guerre 1914-1918. La forge était fermée et plus un sou ne rentrait pour alimenter la caisse du ménage. A 15 ans, mon père a pris l'initiative de se faire exempter de sa dernière année d'école pour s'engager à la "chocolatière d'Orbe".
Ses petits sous gagnés ont permis de nourrir sa maman et ses 5 sœurs. Mes tantes ont, toute leur vie, manifesté leur reconnaissance à l'égard de leur grand frère. J'ai toujours connu mon père en tant que patriarche de la famille.

Un beau jour de l'année 1962 la forge s'est trouvée vidée, vite fait bien fait, par un ferrailleur ou un voleur de passage. Une de mes tantes, Nelly ou Marguerite, a donné la clé de la forge à une personne intéressée. Mon frère a récupéré l'enclume pour la donner à son beau-fils, ferblantier à Domodossola. 

Ainsi se termine l'histoire de la forge à mon grand-père.


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